Un arbre veillait dans le regard ou la mémoire de Jean-Pierre THUILLAT. Il l’a rebâti pour nous dans la mobilité sereine de 27 poèmes, également limpides et fondés sur un long compagnonnage.
L’arbre est d’abord une personne à peine distincte de sa permanence :
« le chêne / ne savait pas / à quoi tenait sa force ».
Mais cet « être-là » est aussi une « explosion des rameaux et des feuilles » et plus encore le lieu d’un échange de vie et de ramages : (« quel immeuble est plus riche ? »).
L’arbre change le temps en éternité, il est le médiateur de la terre, du bleu et de l’or. Et il sait faire pardonner ses airs de patriarche par de vraies tendresses :
« Il accepte l’audace / d’un graffiti / sur sa peau nue ».
En lui, l’humilité se joint au pouvoir, celui d’assumer le rugueux et l’impalpable, de faire œuvre de connaissance et de paix sans « solliciter aucune caresse ».
Sa vie nocturne est encore d’amour :
« il rivalise d’étoiles / avec la nuit ».
Et pour leçon d’écoute et de contemplation, ce distique :
« de son lignage / le poète ».
©Gilles Lades
in revue Friches, n° 43, été 1993.