Jean L’Anselme, notre « bête de somme en quelque sorte, aussi fière d’être picarde qu’un bœuf est fier d’être bourguignon », nous donne une nouvelle salve cuisinée à sa façon. Les poèmes de L’Anselme, par leur « naïvisme », comme l’a écrit Jean Rousselot, mais aussi leur humour sarcastique, goguenard, jaune, noir, jovial, sont comme des équivalences des tableaux et dessins de Dubuffet. Dans son œuvre, le poète recherche « la beauté de l’inutile » et aligne, c’est le cas avec Con comme la lune, les calembours, les aphorismes, les ready-made. L’Anselme a ainsi évolué de « l’Art maigre », à « l’Art moche », en passant par « l’Art chouette » et « l’Art triste », pour aboutir aux « poèmes cons », dont précisément Con comme la lune est à coup sûr l’aboutissement. Chez L’Anselme, la poésie, dont l’humour est l’épice savoureuse, la couleur dominante, s’apparente à l’insolite, au bizarre, à l’étrange, à l’inhabituel, l’inattendu. Observateur ironique des êtres et de son temps, L’Anselme aime la truculence, l’invention verbale populaire. Il entend lutter contre la bêtise et le conformisme ambiants, sans jamais perdre son sens de l’autodérision : « Monsieur L’Anselme – à vouloir amuser – toutes vos plaisanteries – au lieu que l’on en rie – on s’en passe lassé ».
©Karel Hadek
(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 25, 1er semestre 2008)