Une gravure originale de Claudine Goux accompagne les exemplaires de tête de cet ouvrage de Jacques Tornay qui, dans la cinquantaine de pages nécessaires à l’épanouissement de son œuvre présente, s’attarde avec une complaisance constructive sur des faits anodins qui, sous l’impulsion du créateur deviennent des événements essentiels.
«Quand la nuit s’assied à nos côtés
dans le noir quelque chose toujours s’élance et pour finir nous rencontre.»
Les vers, à l’image des gestes, sont ici à l’échelle humaine et la sophistication n’est pas une question de forme mais de fond, d’intime. Jacques Tornay avance dans le vaste domaine poétique avec cette assurance propre aux hommes de bonne volonté dont la simplicité naturelle n’affecte en rien le travail syntaxique.
« Je pressens un bonheur dans l’écheveau incandescent de la broussaille en août aux alentours de quinze heures,
et l’éternité qui trottine jusqu’au bout de l’étang pour en revenir
imprégné d’une odeur d’algues fraîches.»
« Gains de causes » entrouvre les portes, déplace les ombres pour mieux montrer les richesses d’une nature aux aspects multiples dont l’être humain dispose sans en être toujours conscient. Les poètes, mieux que bien d’autres, savent unir les gains que leur apportent les causes en marchant allègrement dans la clarté des textes.
©Jean Chatard
Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 32, 2nd semestre 2011