Partagé entre prose et poésie, Jean-Claude Tardif dispose d’un éventail assez vaste pour s’affirmer dans l’une comme dans l’autre de ces disciplines et cela nous vaut alternativement la publication de poèmes (« Dans la couleur des merles » – LGR – , « À contre-fruits » – Éditinter –, « Les Tankas noirs » – Rafael de Surtis –) et celle de nouvelles et de récits (« L’homme de peu » – La Dragonne –, « Louve peut-être » – La Dragonne – et aujourd’hui : « La Nada »).
Avec « La Nada », Jean-Claude Tardif semble régler des comptes avec ses origines et c’est, dès l’abord, une saisissante photo de Robert Capa qui orne la couverture de ce superbe petit ouvrage. On sait, dès lors, que les thèmes abordés seront I’Espagne, le peuple espagnol, la guerre, l’enfance, peut-être…
On ne peut oublier ce visage, ce regard dur et volontaire que les six nouvelles de Jean-Claude Tardif font revivre au gré de la sensibilité et des souvenirs. Si l’on y trouve l’ombre superbe de Louis Guilloux et celle de Lény Escudero, ces nouvelles sont surtout construites autour de silhouettes anonymes et de mélancolie.
Ces nouvelles, par leur simplicité narrative, rejoignent l’espace secret où la mémoire se fait légende, où la réalité épouse chaque phrase, chaque mot, chaque silence. Le passé, ici, devient tangible et prend place dans l’histoire du peuple qui souffre et combat afin que les hommes et les femmes de l’avenir s’éveillent à l’amour.
Chaque livre de Jean-Claude Tardif est un petit bonheur d’intelligence et de talent. « La Nada » ne faillit pas à cette règle.
©Jean Chatard
Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 32, 2nd semestre 2011