Le nouveau livre de Pierre Dhainaut, bellement illustré par Grégory Masurovsky, recourt à un vers proche de la prose qui appréhende généreusement une pensée développée par le poète avec cette générosité de cœur que l’on constate chez lui, de livre en livre. Saluer le vif, c’est saluer la charpente et l’écorce, l’os et la chair. Et Pierre Dhainaut alimente le secret du « dire » avec ses formules « au plus près » d’une poésie brillante dans laquelle s’implante un quotidien chargé des multiples attraits de l’existence d’un homme ordinaire qui possède le don de transformer la réalité. Voici que surgissent les vents – de plus loin que la mer, – ils ont déchiré l’horizon, – de ride en ride ils prennent le visage – pour du sable à morte-eau. Cette poésie sied à Pierre Dhainaut. Elle fait partie d’un tout qui accorde au Nord, cher au poète, les vertus de l’existence même, ce « vif prodigue » qu’il célèbre avec grand bonheur dans cet ouvrage. Les illustrations de Grégory Masurovsky ouvrent de larges baies sur la poésie de Pierre Dhainaut et ses compositions n’accompagnent pas les poèmes mais leur offrent les terrains sablonneux sur lesquels le poète s’engage avec volupté, dans la plénitude de son art. Confiance aux mains quand les regards défaillent, – elles ont peur autant qu’elles espèrent, – elles avancent : l’espace au bout des doigts.
©Jean Chatard
(Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 26, 2nd semestre 2008)