La personnalité littéraire de Jean-Claude Tardif se manifeste avec un égal bonheur dans les domaines de la poésie, du roman, de la nouvelle, mais également dans celui de la revue (il fut l’actif animateur du Nouveau marronnier et poursuit la publication de À l’index, 11 rue du Stade, F-76133 Épouville.) De plus, il anima jusqu’à ces derniers temps des « Rencontres » dans la petite ville normande de Montivilliers.
Plusieurs de ses nouvelles furent publiées dans diverses revues (L’Atelier du roman, Le Paresseux, La NTF, La Revue Littéraire, Rimbaud Revue, etc.) avec l’estime de ses pairs et un lectorat de plus en plus important.
Prorata temporis, nouvelle d’une soixantaine de pages qu’il publie aujourd’hui aux éditions Le Mort-qui-trompe s’articule autour d’un thème cher à Tardif avec de multiples retombées : la recherche affective du père, la fascination d’un avenir insolite que l’on bâtit autour de l’homme et qui tout aussitôt se délite, la traque de l’individu au profit d’une entité totalitaire, la douceur âpre des sentiments…
Ce qui importe dans les écrits de Jean-Claude Tardif est avant tout la maîtrise d’une langue qu’il utilise avec une jubilation quasi amoureuse. Les mots, considérés comme des amis au service d’une philosophie mêlant fiction et réalité, sont utilisés afin de cerner ce monde difficile dans lequel nous engloutit une bureaucratie toujours plus kafkaïenne.
À n’en pas douter, Jean-Claude Tardif (par ailleurs excellent poète) publie avec beaucoup de plaisir. Et l’on serait mal avisé de lui en faire grief, lui qui donne aux mots leurs chants et leurs ramures avec la seule ambition de partager dans l’euphorie de la narration ses bonheurs d’écritures.
©Jean Chatard
Note de lecture in Le Mensuel littéraire et poétique, n° 352, septembre 2007