Tous les deux ans (années paires), la revue « Friches » décerne son « Prix Troubadour » qui, en 2004, fut attribué à Danièle Corre pour un livre, « D’un pays sous l’écorce », préfacé par Georges-Emmanuel Clancier, dans lequel les mots du quotidien recouvrent des sentiments où la nostalgie, si elle est omniprésente, n’en révèle pas moins de douces envolées. Les mots de chaque jour, les gestes du familier, sont autant de notes de musique que Danièle Corre distille comme parfum de simples. Sous la rugosité des gestes ordinaires, elle dessine des émotions rares, des pensées fertiles, et sa poésie s’installe dans le calme discret de la vie de tous les jours avec, en plus, cette pointe de légèreté qui en fait le charme.
« Un grand chien fidèle hurle quelque part,
la patte prise entre deux pans de mémoire.
Des enfants dévalent les heures
dans le silence défait
où je chasse les mouches d’un geste distrait. »
Sous l’écorce, en effet, la vie s’organise. Elle « court dans les ornières, afflue de toutes ses eaux, / jusqu’à lécher des images… » que l’on rassemble à la veillée. Danièle Corre nous offre là un livre ouvert sur les beautés d’un monde ordinaire, et c’est une leçon d’humilité à laquelle il est bien difficile d’échapper.
©Jean Chatard
Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 20, second semestre 2005.