Colette Klein a confié à l’éditeur Alain Lucien Benoit la réalisation de cet ouvrage de luxe dédié au regretté Pierre Esperbé, décédé il y a peu. C’est dire que le livre, bellement illustré par l’auteur, est sans doute un hommage sensible, mais également le cri désespéré d’une femme qui pleure un amour disparu à jamais.
« Je me cogne à la lumière derrière laquelle tu cesses d’exister ».
Avec la pudeur qui la caractérise, mais avec aussi le désespoir omniprésent qui accompagne chaque geste, Colette Klein dénonce l’injustice de cette séparation qui la prive d’une essentielle raison de vivre.
Éperdue, elle demande avec une ingénuité peu commune :
« Crois-tu que je puisse encore te ramener jusqu’au rivage ? »
Personne ne répond à sa question et elle sait bien qu’elle devra assumer sa solitude. Déjà, elle constate combien cette solitude envahit l’espace avec, cependant, l’espoir d’un vague Paradis, ici, là-bas, n’importe où.
« Je suis l’ombre que tu attends ».
L’amour n’oppose aucun tabou et la passion s’alimente au lyrisme d’une poésie dont le désespoir est le fer de lance de toutes survies.
« Je dors près de toi dans un lit de feuilles mortes ».
©Jean Chatard
Note de lecture in revue Les Hommes sans Épaules, n° 34, 2nd semestre 2012.