Les rêves les plus fous assaillent les principes dans ce nouvel ouvrage (dont André Breton signe les premières lettres, adressées au jeune loup qu’était Jacques Kober dans les années cinquante).
Plusieurs lettres donnent à Kober le feu vert du Surréalisme, un Surréalisme que Breton tient à maîtriser aux yeux du futur auteur de « Jasmin tu es matelot » qui, s’il fréquente les artistes et les littérateurs de toujours, n’en demeure pas moins un homme intègre capable de remettre sur pied un vieux mas, mais également une grande sensibilité qui installe sa réputation auprès des meilleurs.
Le livre s’articule autour d’un malentendu opposant Kober à la nouvelle équipe stalinienne. On sait combien le phénomène fut courant lors de diverses rencontres nécessairement agitées. Jacques Kober bataille pour attiser « l’intraitable » qui n’a aucune ambition d’école littéraire mais celle de découvrir et de changer la vie au plus près de la vie, entouré de ses admirateurs les plus fanatiques. André Breton, dont on fêtera bientôt le quarante-cinquième anniversaire de la mort, « persiste » dans cet ouvrage conçu tout à sa gloire mais en sauvegardant une grande part de vérité.
Sur plus de 50 pages denses, Jacques Kober rassemble les témoignages où le positif et le négatif s’affrontent, se heurtent, se complètent à telle enseigne que l’auteur des « Manifestes » en ressort moins « pape » et plus humainement écrivain.
On retrouve dans cette étude les noms de Pierre Schroven, Antoine Colavolpe, Pierre Grouix, et Jean-Michel Robert.
Daniel Leuwers justifie la postface : « Grandeur pour l’essentiel ».
Dans ce « Cahier collectif » où André Breton, dépoussiéré, plus actuel que jamais, « persiste », les nouveaux « Surréalistes » « signent », et c’est une belle leçon de modestie et de poésie.
Les Surréalistes furent toujours des êtres sensibles capables de tout. Et du meilleur.
©Jean Chatard
Note de lecture in revue Les Hommes sans Épaules, n° 34, 2nd semestre 2012.