Rapprochements saugrenus, éléments de thriller pour instiller le doute, questionnement sur la cohérence des choix qui s’émiettent, contradictions qui s’entrechoquent, pures provoca-tions dans l’intensité d’être… voilà un mort qui se porte bien ! Ce Chant de la pierre tombale, à travers une dérobade feinte, a permis au poète de se situer à la fois dehors et dedans et de manier une écriture chargée d’humeurs et d’humour, de va-et-vient cognés ou moqués entre le monde et soi, de vanités fabuleuses et de constats burlesques (« Une ampoule a grillé/ ta fille est réglée). Entre vrais et faux souvenirs, commentaires sur la difficulté de se comporter en adulte et rejet des parents « suceurs de télé » l’anticonformisme, par chirurgie du soleil, incite à « accélérer quand tout ralentit ». Les textes sont repris en rafales de runes, psaumes haletants. La lune est en slip et chaque vivant devient immortel. On peut croiser des promeneurs maladroits dans le gazouillis des guerres, des stupeurs pour déchirer des siècles de soie, des fraîcheurs comme autant de déflagrations, des volontés gravées dans le… marbre (« Espérer revoir son chat »). Et si la mort, après tout, n’était qu’un gag ? Ici, on ratatine le temps sans saveur. En vente dans tous les bons cimetières.
©Alain Breton
(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 31, premier semestre 2011)