« Lisières » est une sorte de traité spirituel où Guy Riolle nous enseigne comment affûter le regard jusqu’au moment où il rejoint l’intériorité, comment aiguiser l’ouie jusqu’au mystère.
Cette sensibilité à la vie secrète sublime les perceptions vitales:
« Le sang en moi
m’est une lampe
un feu qui tremble
et qui tisonne ».
Le vital est aussi ce « tortillon de vie » qui deviendra un arbre immense. Quant à la plénitude intérieure, elle naît de l’épreuve traversée:
« Absent
jusqu’à la présence parfaite
de l’instant ».
Entre le silence et le bruit du monde et du corps, et par la volonté de rejoindre « l’indicible de vivre », se crée un sens intime de la mélodie.
Guy Riolle sait que l’absolu ne se regarde pas en face. Il a donc appris à en deviner les voies et les manifestations:
« Fissure sans lueur
cette absence m’éclaire ».
Au bout de ce chemin, il trouve le visage du Christ:
« Tu n’en as pas d’autre
que celui de l’Homme supplicié ».
Éprouvant la vie jusqu’à l’usure, celle dont naît le sens, cultivant l’affût d’un jardinier ou d’un météorologue de l’âme, Guy Riolle recherche la fécondité sublime, dont l’emblème est l’alouette:
« Ou bien, dissoute dans l’apothéose du zénith,
survivra-t-elle seulement par l’ombre de son cri, tel le poète ».
©Gilles Lades