Il est dans les poèmes de Georges Cathalo un ton particulier de mélancolie qu’il ne faudrait prendre ni pour du découragement ni pour du désenchantement. Simplement, cet homme, ce poète, sait le poids du monde et ce qu’il oppose à notre simple joie, à notre simple confiance.
Un mot apparaît ici : « L’échappée » : enfin ne plus être rivé à ce qu’il appelait naguère « Les lignes de charge ». Encore faut-il trouver la bonne voie, pour ne pas
« se fuir/ et se perdre en soi-même ».
Encore faut-il savoir « démêler l’écheveau des attentes ».
Et trouver la bonne patience, ne pas céder (comme avant?) à la fascination pour les aspects les plus mécaniques de l’existence, pour les figures de l’absence et de la mort. Ne pas aggraver non plus l’incertitude sur la validité des liens qui nous relient aux autres.
L’on devine les figures solaires mais ombrées de ténèbres de Jean Malrieu et de Georges Herment. Leur vie, leur œuvre, devenues ici une sorte d’allégorie, consonnent avec de tels vers:
« et dans l’hérésie des saisons
naîtra une force nouvelle
qui repoussera ses craintes ».
D’un poème l’autre, apparaissent des jalons contre le néant. Qu’il suffise d’en citer deux: « l’odeur chaude des livres » et
…« Une voix douce et calme
provenant de la pièce voisine
une voix rassurante
disant le bonheur d’être là. »
©Gilles Lades