Ces poèmes – fragments de prose, vers modulés à l’extrême, simples mots – sont énoncés par une parole impersonnelle soulignant « la déperdition de l’écho. »
À travers « le déroulement du discours qu’aucune pause ne distrait », l’on devine, ou croit deviner, un double paysage marin, dont l’un se trouve au Mexique (Oaxaca, le Pacifique, brefs éclats de la tequila et du tabac). Et toujours, ici et là-bas, une société finissante qui s’avive aux romans de Galsworthy et au « zèle inquiet des présages ». Les paysages sont frappés d’une rupture de charme sous « la faible connivence des regards ». De même que se déploie malgré soi « l’espace déchu de l’amour ».
Les éléments de cet ouvrage sont placés en abyme et dans une perspective de secret telle que le lecteur est appelé à attendre
Faut-il tenter de reconstituer le puzzle ? Est-ce là l’histoire d’un illusoire exil ? Le poème devait-il trouver une parole qui transcende la sourde violence des allers-retours entre l’ici et l’ailleurs ?
Lisons, et relisons, jusqu’à saisir le filigrane qui travaille « l’envers possible du poème ».
©Gilles Lades
(Note de lecture in revue Friches, n° 95)