Jehan Despert, le poète et Louis Pors l’illustrateur ont réuni leurs talents autour de ce personnage énigmatique entre tous : Tristan Corbière et la ville de Roscoff qu’il hanta et qu’il hante encore aujourd’hui. On a tout dit sur Corbière et Les amours jaunes, on a tout chanté, mais le livre que l’on nous offre ce jour est de ceux que l’on feuillette la tendresse au cœur et la reconnaissance au bord des lèvres. Les textes de Jehan Despert sont de ceux que l’on souhaite pour saluer le « bossu bitord » et les dessins de Louis Pors créent le décor magique de ce destin hors du commun. La longue pipe au bec ; – les mots que tu préfères – ont ce goût de varech – traversé d’un enfer. En quelques vers, tout est dit, avec en prime, la chaleureuse connivence d’un poète à qui l’on doit une quarantaine d’ouvrages poétiques. Cette rencontre avec Tristan Corbière, sous le signe de la fraternité marine donne à Jehan Despert l’occasion de pénétrer un milieu, celui de la mer qui, pour être souvent pathétique n’en devient pas moins un potentiel vital de belle humeur que les nombreux dessins (couleur) soulignent avec un éclat particulier. Plus explicite qu’un essai, plus significatif qu’un « portrait », ce livre invite à une profonde connaissance de l’œuvre de Tristan Corbière tout en demeurant léger, fraternellement ouvert sur la création d’aujourd’hui.
©Jean Chatard
(Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 26, 2nd semestre 2008)