Les éditions des Silves ont été créées en mars 2007, dans le Val-d’Oise. Aussi, tout naturellement, écrit Geneviève Silvestro : « Nous publions à la croisée des horizons, à l’image des membres de l’équipe créatrice et du public de la région. Fondée par des ingénieurs, des poètes, et des plasticiens, les thèmes de notre maison ne cessent de provoquer la rencontre entre sciences, arts et la littérature contemporaine. » Les éditions des Silves comptent deux collections de poésie. Celle des « Grandes Silves », accueille (en des recueils de qualité et vraiment soignés côté présentation) des poètes confirmés, tels que Jean-Philippe Aizier (qui publie Rivages, suivi de : Arrêts sur images) et Jacques Taurand, un ami disparu et très regretté par les HSE. Cette Voix plus lointaine, testamentaire, est donc émouvante à plus d’un titre. Les poèmes ont été écrits pour la majorité, à l’exception du premier, la longue et belle « Ode pour une jeunesse défunte », lors de moments difficiles entre L’Isle-Adam et l’Hôtel-Dieu, tout au long des « séjours » hospitaliers du poète, comme le note cet autre excellent poète et critique qu’est Jean Chatard, dans sa préface : « La maladie, la mort, y sont omniprésentes, en de pudiques accents, le poète privilégiant les heures chaudes des regrets, les amours folles d’une jeunesse offertes aux souvenirs, laissant à d’autres un lyrisme outrancier. » Il faut lire ces poèmes épurés et fluides, écrits du fond de cette prison de chair, ces bruits d’un jour où se perdent les pas ; il faut lire ces poèmes, car ils émanent d’un poète qui ne cache pas la vie, mais l’écrit avec la noire écriture du sang.
©Karel Hadek
( Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 26, 2nd semestre 2008)