La préface de Jacques Abeille ne laisse aucun doute sur la nature de ce récent ouvrage de Paul Sanda dont le Surréalisme est la porte de sortie en même temps que l’outil créateur qui sape la candeur afin de révéler l’espace. Si, pour lui, « la nuit / est à table », c’est pour mieux gérer les continents de la mémoire où courent les lèvres les plus riches en salive ouatée.
Surréalisme pas mort à bord de ce vaisseau coulissant entre arpège et midi, concassé par les plages d’une nativité précoce où l’île d’Oléron recompte ses étés, où la poésie déroute ses voiliers et taxe la syntaxe d’un peu de courbe et de parfum.
Le rêve est citoyen et cousin germain de Jacques Kober ou de Guy Ducornet qui œuvrent quelque part entre escale et grand vent.
On se risque à fêter quelque orgueilleux présage, on oublie de changer la couleur des étés. Et si Paul Sanda dérive jusqu’à la chair de l’île, c’est pour mieux gambader au solstice venu.
Le jeu subtil du poète s’articule au plus urgent des comparaisons qu’il secoue d’un geste large et qu’il détaille avec lenteur afin de sublimer les ondes du plaisir.
« c’est la fin du voyage l’accordéon frôle le signe lumineux des grimoires de ma peau si rugueuse si flasque des varechs »
On ne doutera pas que j’ai aimé ces pages sauvages, rebelles, où l’imaginaire fait un pied de nez aux oiseaux de passage.
©Jean Chatard
(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 25, 1er semestre 2008)