Paul Farellier déclare d’emblée son pacte avec la nuit, pacte d’intelligence, de raison et de volonté : le salut en dépend. Comme en une joute, il s’exhorte :
« il te faudra descendre un peu plus ».
Et c’est la nuit qui définit les autres variables de l’expérience : l’absence, le silence, la lumière. Mais la lumière est « une aube qui tarde ». Car cette aube doit d’abord avoir appréhendé, sinon élucidé
« l’aorte noire / d’éternel retard ».
Ou bien le citadin se risque en la pluie, sorte de « neige de noir » et il se rétracte
« pour jamais en perte de visage ».
Entre la nuit à demi conjurée et l’aube ajournée, ce sont les étoiles qui surgissent en compromis, permettent de reconnaître « quelques traces », de vivre « les menées d’un hiver » à la rencontre d’un « carrefour d’éternités ».
Cette poésie, qui revendique pleinement sa portée morale :
« Qu’offriras tu de ta vie ? »,
se grandit d’une sorte de tact métaphysique :
« la peur / d’éveiller l’invisible ».
Cheminer ainsi, dans la nuit de diamant des cités, nous revigore d’intime courage, celui qui fait naître
de longtemps meulé à son soleil ».
©Gilles Lades
in revue Friches, n° 73, hiver 2000-2001.