PATIENCE DES JOURS est, à la lettre, un éphéméride, de l’hiver à l’hiver. Et cet ouvrage se joue entre deux mots : litanie, élégie.
Litanie comme l’énumération des choses vues, subies, acceptées, aimées. Litanie par le ton, unifié à force d’attention à la ligne des jours ; élégie par la mélodie de douce célébration, la délicieuse douleur du révolu, celle aussi du plus simple présent.
C’est que l’humilité est le maître mot de cette traversée du quotidien (« un bouquet sur une table /sans fin recomposé »). Quotidien qui englobe le sang fouetté de toutes les passions et la révélation du sens secret des objets, telle la porte « encensée par le temps ».
De la mort évidente : « Il y a des veuvages dans la lumière », à la mort-refuge : « Les fruits tombés / s’enfouissent passionnément », toute violence finit par s’effacer.
Un deuil magnifié donne au présent une gravité poignante et sereine. De là une tonalité bleu-nuit, un crépuscule indécidable, où chaque poème
« porte le moindre espoir /comme une ration d’eau » .
©Gilles Lades
in revue Friches, n° 51, automne 1995.