Avec Tourne manège, Jean-Vincent Verdonnet nous entraîne à sa suite au pays de son enfance, et c’est plaisir de partager ces instants privilégiés où l’auteur, en quelques phrases brèves, s’attarde sans complaisance sur ces petits faits qui marquent les esprits curieux d’une jeunesse à peine turbulente où le bonheur de vivre emplit les journées d’un petit provincial qui deviendra le poète important que nous connaissons (voir Où s’anime une trace, publié chez Rougerie).
Par bribes, avec le seul élan de sa sincérité, Jean-Vincent Verdonnet restitue pour nous, en quelques lignes, ces petites anecdotes qui jalonnent une enfance puis une adolescence sereine dans un village où les êtres et les choses ressemblent à ce qu’ils sont. Bien sûr, il y a les espiègleries des petits villageois, leurs premiers émois devant les genoux entrouverts de la jeune institutrice, leurs yeux pétillants de gourmandise rivés sur les beignets de fleur d’acacia et les « merveilles », savamment confectionnés par la grand-mère. On tourne encore d’autres pages de ce manège à échelle humaine pour découvrir la spirale de papier recouvert de glu et de mouches frémissantes prises au piège des hommes, ou encore la vieille épicerie qui sent la lessive et la réglisse, les anchois et la morue salée. Dans ce village, il y a ceux qui boivent et ceux qui ont peur des serpents, ceux qui se louent dans les fermes pour les moissons et les autres, tous les autres, ces nombreux personnages hauts en couleur, convoqués par Jean-Vincent Verdonnet dans cette biographie originale et qui évoluent dans l’univers du poète faisant preuve ici d’un beau talent de conteur.
Chaque détail importe dans cet ouvrage de la fidélité et si le manège tourne avec les ans, c’est que Jean-Vincent Verdonnet en connaît sur le bout du doigt les mécanismes délicats et tendres.
©Jean Chatard
Note de lecture in Le Mensuel littéraire et poétique, n° 348, mars 2007