Maurice Couquiaud, s’il participe à L’Éveil des eaux dormantes, paraît particulièrement sensible aux pierres déposées, comme autant de signes de reconnaissance et d’intelligence le long d’une existence de croyant que les idées tenaillent mais que la continuité interpelle par ses pouvoirs de durée. Le poète s’attarde à perpétuer Les Chants de pierre par le biais de poèmes aux beautés sereines dont les thèmes s’articulent autour d’une possible postérité des choses.
« La préhistoire survit dans l’humus des temps rongés, / sous les couches d’images qui nous ont effleurés. / L’espace étouffé devient silo des événements, / pierre gravée de souvenirs sous les oublis dormants. »
En des textes souvent rimés (parfois de purs alexandrins), Maurice Couquiaud s’attarde sur tout ce que défie le temps : pierre, marbre, et même ciment des trottoirs. Il s’interroge sur l’avenir des statues et la « fragilité » des cristaux.
C’est dire que sa poésie prend en compte la précarité de l’individu confronté à une matière plus durable que l’espèce humaine, qui défie le temps et contre laquelle l’artiste se heurtera toujours, mais qu’il domestiquera selon ses critères propres.
Riche de ses accents autant que de ses interrogations, L’Éveil des eaux dormantes est un livre dont la sensibilité émeut et pour lequel Jean-Pierre Alaux a conçu une oeuvre graphique « Filigrana » qui s’intègre avec harmonie dans le contexte de cet ouvrage aux multiples facettes.
©Jean Chatard
Note de lecture in Le Mensuel littéraire et poétique, n° 348, mars 2007