Dirigée par Jean Portante, la collection « Graphiti », que les amateurs, de ce côté-ci et de l’autre de l’Atlantique, connaissent bien, offre à Sylvestre Clancier l’occasion de développer sa vision du poète et de la poésie en cet ouvrage, « Une couleur dans la nuit », qui marque l’esprit en redessinant une enfance où les sentiments sont à échelle humaine, les préoccupations immédiates et les amours pudiques. Sylvestre Clancier sait débusquer « ce bonheur bleu derrière la porte » et parcourir « le monde qui est dans sa main » avec cette part essentielle de tendresse qui soude les instants et gouverne les inclinations.
« Il faut l’adresse du funambule
Et la tendresse du poète
Pour suspendre le temps qu’accomplirait l’instant
En remettant ces rêves sur de meilleurs chemins. »
Le blanc domine ici. L’âme et la neige s’y rassemblent avec l’élan du
désir pour colorer l’ensemble.
« Femmes…
C’est encore vous en plein soleil au balcon à midi
A qui mon cœur fait signe quand vos rires hirondelles
S’envolent dans le bourg au printemps par dessus les murs »
Dans la poésie de Sylvestre Clancier, on s’abrite sous un espace quotidien où la chaleur des mots rejoint quelque part celle des corps.
©Jean Chatard
Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 20, second semestre 2005.