Avec « Aubiat », Michel-François Lavaur confirme son attachement profond à l’Occitanie et marque d’une pierre blanche une œuvre déjà abondante qui, chaque printemps apporte ses bourgeons et chaque année ses frissons de bonheur de vivre ici et maintenant. Ce fou de poésie est aussi un homme sage, tolérant, qui connaît les valeurs de la famille, de l’amitié, du sol qu’il foule.
« Je n’ai pas de portail, de verrou ni de chaîne, pour fermer la demeure où j’ai mis en réserve, comme feu sous la cendre ou, sur le foin, le fromage de chèvre, à mûrir lentement ces petits bouts de poésie… »
On se sent proche des hommes chez Lavaur, proche du cœur et de l’esprit, proche du labeur des humbles et de la chaleur humaine qui se communique dans la simplicité des actes de chaque jour. «Aubiat», c’est le pays où les racines sont encore bien implantées dans le sol limousin. « Aubiat », c’est le village où mûrissent les destinées. C’est l’authenticité de « la terre » de chez nous. Les animaux (même les « sauvages », les oubliés) y ont leur place, au même titre que les gens. Les vieux appartiennent à leur âge et la campagne n’a pas honte de sa boue.
Il y a, dans la poésie de Michel-François Lavaur, cette chaleureuse attention qu’il porte aux êtres et aux choses avec, en prime, cette jubilation d’écrire et de partager les instants de plaisir que l’on sait éphémères.
©Jean Chatard
Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 21, premier semestre 2006.