Pour ce petit livre de 90 pages, Marc Alyn a choisi la réflexion et l’humour dans une succession de textes courts répartis en quatre chapitres : « Les corps subtils », « Lapidaires », « La ligne de mire » et « Lisières ». Pensées, proverbes, dictons, rassemblés ici, résultent, de la part du poète, d’une fréquentation assidue du cheptel humain et des écrivains en particulier.
Le titre « Le dieu de sable » est en lui-même révélateur de l’état d’esprit avec lequel Marc Alyn a entrepris ce voyage au pays de l’interrogation et de la lucidité. Dieu, le Diable, la mort sont tour à tour interrogés, sollicités, et c’est la mort, en fin de compte, qui semble occuper tout l’espace dans cet ouvrage où la clairvoyance conduit le bal.
« La mort : un assommant retour à la terre au fond de quelque trou perdu de la périphérie. »
« Laissez : nous passerons ainsi que des rivières. La mort seule saura que nous avons vécu. »
Quant à l’homme, Marc Alyn ne se fait aucune illusion sur ses qualités premières. Il affirme avec une pointe d’amertume et un brin d’ironie :
« A hauteur d’homme – ce qui n’a rien de vertigineux. »
Dieu lui-même n’est pas épargné :
« Dieu n’est pas constamment raisonnable. »
Les formules utilisées par Marc Alyn sont celles d’un poète, nous le savons bien, qui affirme bellement que « L’âme a le poids du ciel, plus une étoile. »
Citons encore cette évidence qui laissera songeurs bien des créateurs d’aujourd’hui :
« Vivre à titre posthume selon le protocole allègre des poètes. »
Un ouvrage où sagesse et lucidité le disputent à un humour parfois féroce.
©Jean Chatard
Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 23/24, année 2007.