En aura-t-on jamais fini avec Verlaine ? La personnalité si contrastée de l’auteur de Romances sans Paroles, attirante et repoussante tout à la fois, – où tant de clarté se mêle à tant d’ombre – est ici, une fois de plus, approchée par un poète de notre temps qui n’a pas oublié ce que tous les poètes doivent au Pauvre Lélian.
Christophe Dauphin s’attache en particulier à rétablir cette unité de l’homme et de l’œuvre – ce que trop de critiques ont négligé. Il nous restitue ainsi le poète dans sa dynamique de vie, c’est-à-dire « dans sa globalité ». Christophe Dauphin met en évidence un point capital : la liberté de tempérament de Verlaine qui lui a permis de briser les chaînes qui l’attachaient à la prosodie traditionnelle comme à la glaciale beauté du Parnasse. Il a su en effet créer son propre registre, conférant à son chant ces vibrations si particulières auxquelles ne sont pas étrangères, on le sait, les brûlantes influences des flammes rimbaldiennes. « Car – écrit Dauphin – un ton apparaît avec Verlaine. Jamais plus, après lui, la poésie ne sera ce qu’elle était avant dans la forme… »
L’auteur de cet essai a raison, en outre, d’insister sur le fait que Verlaine était peu soucieux de cette « longue patience du génie » qui hanta Mallarmé, soulignant fort judicieusement, que le créateur de L’Art Poétique « a vécu plus poétiquement qu’il ne lui parut nécessaire d’écrire de la poésie sans la vivre.»
Christophe Dauphin, avec sa fine acuité, nous donne à lire des pages émouvantes et justes sur celui – symbole du poète et de la poésie – dont le cœur ne cesse de battre dans le marbre de l’éternité.
©Jacques Taurand
Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 23/24, année 2007.